Mercedes et Benz sont nés avec la course, comme toutes les grandes marques automobile
Au début du XXe siècle, c'est la compétition qui a pavé la voie de l'automobile. Les Mercédès, les Benz, Opel, Renault étaient alors des cabriolets ou découvrables de sport. Les clients de cette époque, grisés par la vitesse, achetaient... des voitures de course !
Jusqu'à la 2e guerre s'est déroulée une course aux chevaux effrénée dans des carrosseries fantastiques : 6, 8 et 12 cylindres dopées au Kompressor avec des cylindrées à faire pâlir les muscle cars des 60s...
Les Mercedes des seventies s'illustrèrent mieux sur piste que sur circuit. Mercedes n'osait alors pas vraiment lâcher les chevaux...
Bien avant le Paris-Dakar, ce rallye mondial ne connut que 2 éditions :
Mercedes rafla les 2 premières places avec les n°33 et n°49 (et aussi les 6e & 8e places) avec des Mercedes 280E "de série"
Les françaises ne déméritèrent pas dans ce deuxième (et dernier) London-Sydney de
Notez cependant un accrochage suspect pour la Citroën CX de tête par un "chauffard" dans les 100 derniers kilomètres (d'une course qui en comptait 30000) ?!? et pourtant je ne suis ni chauvin, ni féru de Citroën...
autres détails en anglais
Londres-Sydney 1977
Autre course, autre continent : le coupé Mercedes 450 SLC
Mercedes finit aux cinq premières places (7 voitures aux 10 premières places dont un certain Jean Todt) avec la 450 SLC
On note derrière 6
Grand poster Daimler du 450 SLC fin seventies avec des modifications mineures selon les règlements de course : renforcement des trains roulants, phares additionnels.
Le 450 SLC fut suivi par le nouveau 450 SLC 5.0
1. Mikkola & Hertz
2. Waldegaard & Thorszelius
3. Cowan (encore lui !) & Kaiser
4. Preston & Doughty
Puis encore le 500 SLC
Subtile différence entre 450 SLC 5.0 et 500 SLC : les premières 450 SLC 5.0 ont un alésage et donc une culasse spécifique avec le M117.960 (cf tableau Conseils d'achat). Sachez hélas que vous pourriez être déçu lorsque le joint de culasse du M117 alu lâchera... Préférez la 450 SLC (moteur M117 en fonte) ou restez très vigilant sur le graissage du haut-moteur.
En photo, la Mercedes 280 SE
Évoquons en passant pour les 60s la Mercedes 220 SE type
En endurance, le 450 SLC
Le M117 en alu jeta ses derniers feux en
Mercedes a donc attendu 16 ans avant de lâcher son fameux M117 en endurance ?! Ô combien de courses ce moteur aurait donc pu rafler devant Porsche avec le 4.5 litres dès 1972, avec le 5.0 litres en 1979 puis enfin le 5.6 litres en 1985 ? Derrière ce peu de goût pour la compétition de la part de MB, on devine de la peur de mal faire, de la paresse, voire des arrangements...
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En
À ce moment clef, Mercedes eût dû assumer, abandonner Sauber et se lancer carrément dans la bataille !? Meuh non, on reprend les mêmes et on continue d'allonger la facture... en
N'oublions pas non plus ces pitoyables drôles d'oiseaux baptisés CLR qui s'envolèrent littéralement en
Notez que pour obtenir l'homologation du CLR, une série très limitée de 25 exemplaires de ces auto fantasques est sortie en version 6.9 ! donc j'ai menti quelque part, la 6.9 a bien été détrônée depuis les 70s. Le plus gros moteur Mercedes (6.3 et 6.5) a depuis oscillé entre V12 et V8, mais c'est une autre histoire...
Retenez que finalement presque tous les modèles de série Mercedes ont brillé en course ! Ceci démontre l'avance technologique de Mercedes à cette époque. Ce qui serait loin d'être évident aujourd'hui.
Bref : plus on s'éloigne des 70s et moins la fiabilité MB est garantie. C'est ce que peut retenir l'amateur d'anciennes.
Remontons maintenant le temps.
Après-guerre, les coupés et cabriolets revinrent avec le mythique 300SL
Le premier pavé dans la mare fut la Mercedes 600
Ce fut alors la vogue délirante des muscle cars américaines qui déferla, la Ford Mustang caracolant en tête. Ces voitures construites à la hâte faisaient surtout crisser les pneus et tenaient vaguement la route. Leur V8 à arbre à cames central était une réminiscence du passé fordiste d'avant-guerre. C'était au final du pas cher pour les décors d'Hollywood ! Les Européens ne créèrent étrangement pas de muscle car. La réponse de l'Europe se fit sur un autre registre.
C'est ici que se glisse un des intermèdes le plus incroyable de l'histoire automobile : ce furent les limousines dopées avec le même moteur M100 : Mercedes 300 SEL 6.3
Ces deux voitures sont tout simplement les premières limousines sportives d'après-guerre. Aussi rapides à l'époque que les sportives (Porsche 911, Ferrari, Ford Mustang...) et aussi confortables que les limousines (Rolls-Royce) y compris à grande vitesse.
Cette "résurrection" des gros moteurs d'avant-guerre en Europe tenait en un seul mot : M100. Produit 17 ans durant (1963-1980) à +/-16000 exemplaires, ce moteur d'exception est en effet une des meilleures production Mercedes-Benz d'après-guerre. V8 à simple arbre à cames en tête de chaque rangée de cylindres, un gros bras en fonte ! et très en avance sur de nombreux points techniques.
On ne peut ici que déplorer une chose : Mercedes ne valida jamais ce Motor-Kapital en course. Pourquoi ne pas avoir monté le M100 sur un SLC ? Gagne presque assurée au Mans. Ni avoir monté une suspension pneumatique sur une résurrection du 300 SL ? Ce qui eût fait mordre la poussière au monde entier sur les déserts du globe. Mais l'euphorie de la gagne s'était envolée chez MB, comme un certain 300 SL au Mans 1955, hélas. Il faut croire que le staff MB ronronnait sur ses glorieuses couronnes de laurier... à leur crédit, il faut dire que l'avance technologique de MB était à son apogée vers 1970. Aucun autre constructeur ne rivalisait sur la maîtrise technologique, l'innovation, la sécurité, l'étendue de gamme, l'emprise mondiale, etc. La plupart des constructeurs ramaient plutôt pour une victoire en Grand Prix, rallye... comme Ford qui mit un point d'honneur à gagner Le Mans (cf film)
Quoiqu'il en soit, les yankies commencèrent alors à se méfier des imports, avec des lois iniques dites "antipollution" juste pour stopper la vague euro. Ce tintoin se fit au détriment des cabriolets/roadsters. MB produisit alors des modèles soit plutôt réduits (la Pagode
Ceci veut simplement dire que MB ne joua jamais la carte des muscle cars et n'en produisit pas ! Ce commentaire doit être bien sûr relativisé aux USA qui roulaient alors presqu'exclusivement en 6 et 8 cyl. de 4.0 à 8.0 litres. Car la plupart des autres constructeurs européens n'avaient pratiquement plus leur mot à dire dès 3.0 litres... et ne purent d'ailleurs jamais faire grand effet outre-Atlantique. Les japonaises s'en sont chargé depuis avec des petites voitures sobres et très efficaces.
Autre son de cloche British
par LJK SETRIGHT sur les Mercedes-Benz Roadsters 230 250 280 350 450 SL et SLC, ouvrage paru en 1979 chez Osprey AutoHistory. Un bon livre par un vrai auteur avec moult photos d'époque, facile à trouver sur le net pour presque rien (uniquement en anglais).
On peut y lire p.6 ce commentaire étonnant : Mercedes-Benz, whose right to a place in the highest rank of car manufacturers must be undisputed, the testimony of the past is supported by evidence of the present, for they continue to wage the double campaign that they have fought since their earliest times -on the one front, to be in the vanguard of scientific and technological progress, on the other to fight a rearguard battle against the social and commercial temptations that have introduced the mean and the compromising to corrupt the standards of other manufacturers
Traduction libre : chez Mercedes-Benz, dont la place au plus haut rang parmi les fabricants automobile reste indiscutable, le témoignage du passé s'appuie sur l'évidence du présent, car ils continuent à honorer la double campagne pour laquelle ils se battent depuis l'origine -sur un front, être l'avant-garde du progrès scientifique et technologique, sur l'autre mener un combat d'arrière-garde contre les tentations commerciales et sociales qui ont introduit les bassesses et la compromission pour corrompre les standards des autres constructeurs.
Autant dire que le "combat d'arrière-garde contre les tentations commerciales" s'est effondré complètement depuis 1980 (c'est-à-dire depuis l'américanisation de MB) puisqu'hélas Mercedes a cédé aux sirènes de l'argent facile en bradant son capital et son image au point de monter du Valeo, oui Mesdames et Messieurs -voyez en photo.
Des pans majeurs de l'industrie européenne, symbole de qualité, de voitures durables faites pour . L'Europe devra donc s'appauvrir pour renaître de ses cendres. Ça s'appelle pudiquement un cycle économique. En réalité, un vulgaire tour de passe-passe foireux...
Puis, le rapetissage des moteurs des années 80 (downsizing) a tourné les projecteurs vers la "petite" 190 pourtant déjà "grosse" en 2.3 16s selon les critères français qui plafonnaient à 2,6 litres avec le V6 PRV Peugeot-Renault-Volvo. La "petite" Mercedes dotée d'un simple 4 cylindres M102 s'est illustrée en records d'endurance à Nagaro puis sur circuit en DTM (avec double-turbo puis EVO I II III etc.). De cette histoire, la
Notons cependant la 560 SEL : encore une limousine aux vélléités sportives, mais bien plus raisonnable que ses devancières 6.3 et 6.9. Et surtout talonnée, voire doublée par les V8 Porsche et BMW. Des chevaux sur le papier certes, mais la fièvre était retombée -rapetissage oblige. On pourrait presque dire : une W116 0% Mat. gras. ou anorexique, puisque les 126 sont des 116 allégées ! Ce fut le point d'orgue des
Résumé de cinquante ans de production MB :
années cinquante : l'après-guerre et la course (300SL) qui frappe l'imagination
années soixante : sommet en matières nobles et sur-mesure avec la limousine 600. Premier V8 d'après-guerre et suspension pneumatique. Investissement en image de marque
années soixante-dix : sommet en mécanique et ingénierie (280 à double arbre à cames et 6.9). Suspension hydro-pneumatique. Investissement en technique
années quatre-vingt : sommet en petits moteurs efficaces (190 à 4 cyl.), début de la grande série, dépollution, rationalisation (downsizing)
années quatre-vingt-dix : électronique invasive (w140), lourdeur et complexité
années deux mille : plastification, gadgétisation et rentabilisation à outrance. Mercedes passe de l'innovation à la vache-à-lait et mange son pain blanc -pour combien de temps?
depuis la
Aujourd'hui (2020) MB s'engage dans la voiture électrique. Nouvelle chimère...
Après avoir mangé son pain blanc, Mercedes mange son pain noir. À quand le sursaut ?