Il peut arriver qu'une Mercedes 6 LITRE 9 vous arrive dans les bras, sans nécessairement l'avoir choisie ou désirée. Ce peut être un cadeau embarrassant reçu en héritage ou pour lequel vous avez craqué sans trop réfléchir. Ça peut aussi être un coup de coeur, ô combien justifié. Sachez juste que cadeau va vite devenir attachant -mais à quel prix... ?!
Si c'est la CONSOMMATION de la bête votre principal souci, commencez par la Consommation nous sommes sur du 6.9 pas du 1.2... mais au fait, comptez-vous vraiment ROULER▒▒░ ░ ?
N'achetez pas une épave pour tout reprendre à zéro ou vous risquez fort de ne jamais ROULER▒▒░ ░
Il est préférable de s'être d'abord fait la main (et le porte-monnaie) sur une W123, une W107 ou une W116 par exemple.
Si l'entretien de ces voitures, c'est pour vous la ligne droite (et elles étaient conçues comme telles) alors FONCEZ▓▒▓▒░ ░
En revanche, évitez les imports US qui fleurissent sur les sites d'annonce. Sans réel intérêt mécanique (moteurs bridés) avec toutefois l'avantage que les voitures de Californie n'ont pas de rouille -climat oblige.
Mercedes-Benz Classic 01 2013 "Purchasing advice: w116" pp. 34-39
Consumer sans bornes
Consommation d'une six-litre-neuf
« Vivre, c'est consommer » Louis RENAULT
Une 6.9 consomme, mais finallemand pas tant que ça quand on pense au pur plaisir de conduite !
C'est la première question posée !. On peut toutefois se demander si ce sujet de la consommation en est vraiment un, puisque les anciennes restent pour la plupart à l'année... au garage. Snif!
Allez-vous ROULER▒▒░ ░ avec votre SIX LITRE NEUF ? that is the question. D'autant plus que certains amateurs ont tout un parc à faire rouler -mais est-il roulant justement ?
Après tout, collection ne se confond pas avec accumulation...
Mon conseil le plus simple : débarrassez-vous des tacots qui ne roulent pas ! ou stockez-les en vue d'une sortie de grange dans quelques décennies, mais au sujet de la spéculation lisez à ce sujet ci-dessous Bonus.
AVERTISSEMENT SOLENNEL : moins vous ROULEZ▒▒░ ░, plus vous risquez des frais mécaniques (jusqu'au moteur)... Les voitures s'usent à ne pas rouler.
Données d'usine
Consommation de carburant Mercedes 450 SEL 6.9 suivant DIN 70 030
mai 1975 : 15,5l/100km (vitesse stabilisée à 110km/h avec marge de 10%)
juillet 1978 (nouvelle norme DIN 70 030)
ville : 23,5l/100km
90 km/h : 13,5l/100km
120 km/h : 15,5l/100km
En pratique, la consommation d'une 6.9 varie de 15 à 20 litres de Super 98 aux 100 km suivant le style de conduite. Soit à peine plus que les autres V8 Mercedes de l'époque : 450 SEL SLC ou SL... et surtout beaucoup moins que les V8 à carburateurs d'Outre-Manche et -Atlantique (Rolls, Cadillac, Mustang...).
A l'année en moyenne mobile de 16 à 17L, y compris autoroute. Autrement dit, vous brûlez 1 litre de Super tous les 6 km, soit encore environ 15 mpg (miles per Galon). C'est-à-dire en 2015 environ 0.25€ du kilomètre (SP98 de qualité ou additivé Premium).
Le paradoxe de la Mercedes 6.9, c'est la puissance d'une essence avec le couple d'un Diesel. Avec une capacité d'accélération intacte même à grande vitesse. En fait, cette capacité à accélérer est optimale vers 3000T/mn (couple maximum), soit à 140km/H.
De nombreuses "fausses" 6.9 hantent les sites d'annonces. Il est facile de se tromper, donc de tromper...
Testez vos réflexes avec le Quizz 6.9.
Voyons LA condition suffisante (CS) et quelques conditions nécessaires (CN).
Le seul critère réellement discriminant (CS) est le carter sec, alors unique chez MB. Il est l'apanage du moteur M100.985. Les deux prédécesseurs à la 6.9l (même base moteur en 6.3l) : la Grande Mercedes 600 et la 300 SEL 6.3 n'en étaient pas dotées. En revanche, un illustre prédécesseur fut le 300 SL (6 cyl. à injection directe et carter sec).
Ce réservoir d'huile séparé revint sur la 6.9 pour plusieurs raisons :
le M100 augmenté ne serait pas rentré sous le capot d'une W116 sans risque pour le carter (chocs sous la caisse)
le volume d'huile passe de 8 à 12l ce qui allonge les intervalles de vidange (15000km)
enfin le côté "sportif" de la limousine est ainsi certifié mécaniquement -qu'importe les à-coups, l'huile reste sous pression.
A l'achat, il faut donc impérativement ouvrir le capot et constater que la jauge d'huile moteur n'est pas sur le moteur mais bien au-dessus de la roue avant droite (quelle que soit la version, même volant à droite RHD).
Deux autres petits détails impératifs sur la planche de bord : le compteur gradué à 260km/H (CN) au lieu de 240 sur toutes les autres W116. Mais attention car ce compteur peut se changer sans grande connaissance technique (il suffit de retirer le bloc-compteur).
Quant à suspension hydro-pneumatique (CN), elle était de série sur la Mercedes 450 SEL 6.9 mais aussi montée en option sur sa soeur la 450 SEL (W116033). On la reconnaît à sa tirette juste derrière le volant.
Le mieux, c'est donc d'ouvrir le capot moteur. Comparez ces photos de moteurs (clic pour aggrandir) :
FAUSSES 6.9
VRAIES 6.9
Fausse annonce de Mercedes 6.9
à moteur M117 de Mercedes 450
"vraie" Mercedes 450 SEL 6.9 à moteur M100
Fausse Mercedes 450 SEL 6.9
Pourquoi fausse ?
Pas de compte-tour mais l'horloge basique !
Or le compte-tour (CN) était de série sur la 6.9
À ce prix-là ne rêvez pas trop...
Vrai compteur Mercedes 450 SEL 6.9
étalonné à 260km/h au lieu de 240km/h
(tous les autres V8 W116 W107)
Dans les années soixante-dix, seul le coupé 450 SLC 5.0 fut doté en 1978 d'un compteur à 260km/h -merci à un lecteur assidû C.-H. !
C'était le premier compteur électrique MB car tous les autres compteurs des 70s étaient mécaniques y compris sur 6.9
Encore une fausse Mercedes 450 SEL 6.9 ? 02/2021
Très belle voiture mais sans les lave-phare qui étaient de série sur les versions 'euro' (CN) : donc soit un import US déguisé en 'euro' (pare-chocs changés), soit une 450 SEL avec la suspension hydropneumatique optionnelle, car le texte annonce des "sphères neuves" mais là encore, ce sont peut être juste des sphères de correcteur d'assiette à l'arrière !
CONCLUSION : une bonne Annonce de 6.9 doit impérativement montrer le moteur et la jauge à huile, sous peine de laisser planer un doute.
Entraînez-vous ci-dessous : OUI, ce sont bien des Mercedes W116, mais lesquelles ?
"BMW 3.0 L (E3) de 1976 dans un état exceptionnel (...) concurrente à l'époque des Mercedes 450 SEL 6.9, Audi 100..."
Très belle voiture certes et dans un état impécable, mais ces voitures ne jouaient pas dans la même cour ! Il fallait écrire "concurrente des Mercedes 280 SE", tout comme la SM et bien d'autres. Quant à l'Audi 100, elle était alors plutôt un ton en-dessous -pas de 6 cyl.
Ventes aux enchères
2018 : vente aux enchères truquée : "Mercedes Benz Mercedes-Benz - 450 SEL 6.9 (W116) - 1976, achetée à Tenerife pour le général de l’armée dans les îles Canaries (conserve la radio dans la boîte à gants). Elle est ensuite passée à un propriétaire privé de la péninsule. Le vendeur est son troisième propriétaire.
Moteur V8, 6.9 litres, de 224 CV avec 330 000 km. Fraîchement repeinte dans sa couleur originale 867 vert calédonien. Elle a été entièrement démontée, fenêtres comprises."
VOUS AVEZ BIEN LU : il s'agit d'une 6.9 à moteur de 224cv donc une Mercedes 450 SEL
1. voyez la plaque : W116033 12 049167 donc pas W116036...
2. voyez la photo du moteur : le bouchon d'huile moteur se trouve sur le couvre-culasse
3. Notez l'éloignement du vendeur planqué à MADRID
The 6.9 was known as "the banker's hot rod," as was the 6.3 before it.source La 6.9 était connue comme le "bolide du banquier", comme le fut la 6.3 auparavant.
À lire certains récits de restaurations et au risque de ressasser ce que tout le monde a déjà lu, il est TRÈS important de comprendre -ou mieux : il est important de TRÈS BIEN COMPRENDRE- qu'il vaut bien mieux un exemplaire qui a bien vécu, bien roulé et a surtout toujours été réparé à temps, si possible chez MB ou par un maniaque, plutôt qu'une voiture longuement remisée où quasiment TOUT est à reprendre à ZÉRO.
Ce point est crucial sur un gros modèle comme la Mercedes 6.9. Au prix de la main d'oeuvre actuelle, pour rouler vous risquez de repayer la voiture une seconde fois, soit 122000 euros de 2011 (actualisez vous-même 185000 francs de 1975 avec le déflateur franc-euros)
Ne mégotez pas pour 1000 ou 2000 euros de plus au départ, ils en valent 10000 ou 20000 ensuite (ex: carrosserie, suspension...)
C'est le "mirage de la collection" : l'entretien d'une voiture est toujours un poste de dépense important. De nombreux propriétaires négligent ou repoussent les dépenses nécessaires, ce qui conduit aux épaves et aux prix invraisemblables ! De fait, vous pouvez toucher une quasi-épave de voiture de luxe pour PRESQUE RIEN, mais le prix réel à payer pour rouler est tout simplement... ASTRONOMIQUE.
Vous trouvez encore des W116 comme bien d'autres limousines pour trois francs six, sous mais attention aux factures à suivre... qui hélas mettent sur le carreau de nombreux propriétaires, qui n'ont plus d'autre issue que de revendre le "cadeau" devenu fardeau à d'autres amateurs, encore plus fous, qui ne soupçonnent pas l'immensité de la tâche..., etc.
BILAN : les grandes limousines sont à vil prix et en mauvais état pour la plupart ! (on pourrait appeler ça le 'syndrome Rolls' ou Rolls disease...)
Autre manière de comprendre la chose : voyez la différence de cote -énorme- entre nos véhicules de "collection" français et allemands. Là-bas une belle 6.9 cote 30000euros, ici 10000 à 20000 euros (en 2011)... Il s'agit d'une cote pour un exemplaire "en très bon état", soit 2 en Allemagne sur une échelle qui va de 1-neuf à 5-épave. Mais si vous rajoutez les 15000euros au bas-mot de frais inéluctables (pneus, carrosserie, circuits, etc.), vous retombez sur vos pattes, c'est-à-dire qu'une belle 6.9 vous coûtera au minimum minimorum dans les 30000euros, que vous le vouliez ou non au départ. En d'autres termes, nous n'avons pas les mêmes valeurs des deux côtés du Rhin... Un "état concours" français n'est qu'un état "2+", voire "2" outre-Rhin !
D'ailleurs que l'état "2" est réservé en Allemagne aux véhicules de moins de 200000km, ce qui est dommage pour les Mercedes qui souvent peuvent atteindre les 500000km sans tracas majeur. Elles se trouvent ainsi décotées arbitrairement.
Les Mercedes roulent-elle vraiment plus loin et mieux ? -C'est tout simplement un choix technique de qualité, en 1976 chaque pièce contenait en elle plus de valeur et de durabilité que chez n'importe quel autre constructeur. Pour vous en convaincre, choisissez une pièce au hasard et comparez avec ce que vous voulez ! Exemple typique : les serrures. Ou encore, ce que je ne souhaite à personne : constatez après un accident !
Ces pièces de qualité ont une belle fin et souvent prévisible à l'avance. Elles meurent de vieillesse tranquillement usées par l'âge ; non pas brutalement dans leur prime jeunesse comme les véhicules-gadget actuels (à la durée de vie dite 'programmée' en usine à... 5 ans). Le cahier des charges était autrement plus exigeant qu'aujourd'hui !
Quelques poncifs que j'ai malheureusement vécus : les véhicules allemands sont corrodés par le sel d'hiver, les belges ont le compteur truqué, les imports US sont bridés, les anglaises ont... le volant à droite (comme les japonaises), etc. Ce sont des choses à savoir avant d'acheter et que j'ai expérimentées à mes dépens, mais il y a aussi de bonnes affaires.
Et surtout, n'achetez jamais une épave de 6.9 pour la restaurer entièrement, ce serait une erreur (du moins en 2011 car on trouve encore de belles voitures), sauf si votre attachement est sans borne, de même que votre compte en banque... mais OUI bien sûr achetez une épave pour quelques pièces essentielles et introuvables (moteur, boîte, pont...)
Aujourd'hui (2016), on constate que certains l'on fait cf. page Restauration ! La 6.9 deviendrait-elle spéculative ?
penser coût avant technique
Évoquons donc ce qui fait mal : les FACTURES et comment les anticiper (ou les éviter). Une 6.9 n'est pas une Mercedes 200... Je glisse ici cet intermède économique, non pour décourager, mais pour encourager en connaissance de cause.
Sans même évoquer la Consommation (lire ci-dessus), la 6.9 est née "de luxe", et le reste aujourd'hui encore. Après plus de 40 ans, de nombreuses pièces de la 6.9 faiblissent et devront être changées, de gré ou de force. Premièrement tous les joints.
Je vous donc préviens amicalement : vous changez de repère et à chaque intervention, vous doublez ou triplez les frais... En cause : spécificité et coût des pièces, multiplicité des circuits, accès difficiles, etc. Le petit joint ne coûte pas bien cher, mais l'accès est souvent coûteux.
Autrement dit, planifiez un votre budget et "priorisez", sinon la pente pourrait devenir raide ! Mais toujours moins qu'une Mercedes 600 si ça peut vous rassurer où tout est encore plus spécifique. Car une 6.9 a le châssis et pratiquement toute la carrosserie en commun avec les autres W116, à quelques détails près.
Si vous souhaitez remettre tout à neuf à la place du vieux, éloignez-vous de ce modèle ! En effet, vous comprendrez assez vite que, même par rapport aux autres W116, la Mercedes 450 SEL 6.9 a ses spécificités jusque dans la moindre durite, qui sont toutes très coûteuses (on change de repère).
Points cruciaux à contrôler avant l'achat d'une Mercedes 450 SEL 6.9
La 6.9 étant fortement équipée, les postes d'entretien spécifiques coûtent cher :
- suspension hydropneumatique : vérifiez que la voiture monte (lentement) et redescend avec la tirette derrière le volant et surtout testez la tenue de route. FACTURE 900e les 5 sphères ou 500e en adaptable.
- climatiseur. Même sur une vieille installation, la climatisation doit fonctionner. Le plus souvent, un nettoyage + recharge suffisent. Le gaz R12 a été remplacé par R134 (d'autres solutions existent)
- Chauffage. Sur toutes les W107 W116 et W126 sans le climatiseur automatique : tout un poème que j'ai tenté d'écrire.
et surtout, le moteur doit tourner parfaitement ROND. Le M100 est un V8 d'exception et même en conditions difficiles (réglages moyens, injecteurs fuyards, poussoirs à bout, etc.) il tourne encore silencieusement.
Ne faîtes pas la somme de ce qu'il y a ci-dessus en vous disant : j'ai le budget. Un vrai budget d'entretien "à l'estime" de 6.9 serait plutôt autour de 5000-10000e pendant trois ans puis 1000e/an quand tout va bien...
Evidemment, il est possible de réduire les factures si vous aimez la mécanique et/ou avez du temps. Lisez nos tuyaux Réparation
Heureusement, comme sur les autres Mercedes de cette époque, il n'y a pas de piège, tout ne lâche pas au premier virage. Les pièces sont chères... mais fiables !
2019 de nombreuses pièces MB deviennent hélas indisponibles. On note de plus en plus de refabrications et réparateurs spécialisés. Le marché vintage s'organise -le racket aussi !
Restaurer ou rénover ?
A chaque fois qu'on dépose un organe se pose la question de la remise à niveau. Faut-il réparer l'existant ou l'échanger par du neuf ?
A priori il est préférable de garder les pièces originelles de 1975 pour conserver la valeur.
Deuxièmement, les refabrications actuelles ne sont plus au niveau. Si vous achetez neuf, ce sera chinois à 80% et moche à 95%. Il y a des exceptions évidemment avec de nouvelles pièces parfois mieux conçues.
Enfin en 2020, la question ne se pose même plus ! Vu l'indisponibilité chez MB, de nombreuses pièces deviennent quasi-introuvables y compris en NOS. Daimler-Benz a littéralement abandonné les collectionneurs et fait tout pour rendre une restauration hors de prix, voire impossible en ne cataloguant même plus certaines pièces essentielles. Il faut se rabattre sur l'occasion en attendant des jours meilleurs.
La conclusion est qu'il vaut donc mieux conserver et réparer plutôt qu'échanger par du neuf. En dernier recours, il faut refaire la pièce. Une refabrication est délicate et coûteuse à petite échelle.
Ainsi, votre vieux démarreur, vous le ferez réparer et ça coûtera moins qu'un échange-standard à 800e qui détonne. De même pour l'alternateur, la pompe de direction, la pompe à eau, etc.
Un exemple parmi d'autres : les soupapes du correcteur d'assiette (une à l'avant, une autre à l'arrière sur les barres de torsion) ressemblent beaucoup à celles du correcteur d'assiette des autres Mercedes, mais sont spécifiques et leur prix a doublé (1130€ en 2018 au lieu de 577€ en 2015). 2020 il devient plus avantageux de les faire réparer cf Liens.
La restauration d'un véhicule complexe comme la 6.9 ressemble à un puzzle car elle emporte de nombreux circuits, parfois peu accessibles. Heureusement la mécanique des années soixante-dix reste basique et simple à comprendre en général. C'est tout son intérêt d'être mécanique ! Quelques éléments electro-mécanique se glissent (relais...), voire même électronique Tempomat.
C'est EN ROULANT▒▒░ ░ qu'on observe ce qu'on doit réellement réparer prioritairement. Comprenez-moi : si vous ne hiérarchisez pas les travaux, même inéluctables, une 6.9 peut très bien rester des années au garage, engloutir des sommes folles et finalement surtout... ne jamais ROULER▒▒░ ░ ! Donc de mon point de vue, il faut ROULER▒▒░ ░ pour établir votre plan d'action.
Côté USURE, sachez que les kilomètres importent souvent moins que... les intervalles sans tourner ! Les longues pauses annulent la lubrification, gripent ou rouillent le haut-moteur, sèchent tous les joints, sédimentent les circuits, fendent les pneus... Lisez à ce sujet low-mileage-aint-a-good-thing
Sans vouloir décevoir (ou refroidir) personne, il n'existe pas de recette miracle pour baisser le coût d'une restauration. À part la main-d'oeuvre personnelle et la recherche de pièces rares -le temps donc.
En outre, le prix de pièces peut varier très fortement suivant la source. Lisez la suite page Pièces détachées
Note d'espoir aux amateurs : certes une 6.9 réclame des soins, mais elle vous le rendra, promis craché juré !
Ceci au contraire de beaucoup d'anciennes qui se trainent lamentablement ou ne roulent même plus. Elles hantent les garages des collectionneurs... qui le plus souvent ne sont 'collectionneurs' que dans l'accumulation, pas dans la qualité. Ces "tas de ferraille" ne se croisent ni sur les routes, ni a fortiori sur les autoroutes.
2018 j'ai doublé une anglaise MG accompagnée de sa copine... sur une remorque à 110km/h
Noël 2022 vu ou aperçu pendant un tour de France : une DS deux R4 deux 2CV deux Méhari une 205 et une W124
On ne voit les "anciennes" que dans les sorties, les parades ou les bourses, souvent à fins de revente. Bien dommage, car c'est en roulant▒▒░ ░ le plus possible qu'on obtient la vraie valeur d'une ancienne et qu'on en retire le vrai plaisir ! Bon, admettons que certains prennent plus de plaisir à réparer qu'à utiliser. Sur une 6.9 toutes les approches sont possibles...
Bref, une 6.9 en état moyen peut devenir DÉPRIMANTE vu les budgets, mais en revanche apporter une SATISFACTION ÉNORME après remise à niveau. Car l'entretien est le même que pour toute ancienne, les surprises en moins... Ceci peut expliquer les différences de cote parfois extrêmes... (lire page News)
Pourquoi d'ailleurs votre 6.9 vous rendra-t-elle la monnaie de votre pièce ? Parce qu'elle va redevenir FIABLE et parce que vous aurez du PLAISIR à ROULER▒▒░ ░. Vous serez très à l'aise pour doubler, pour croiser sans bruit à 130km/H et vous ne créerez pas de bouchon. Les pentes ? connaît pas. Seuls les virages serrés sont gênants en limousine. La 6.9 peut même devenir très amusante si vous traversez la France ou un continent à grande vitesse ! [2018 : surtout quand il y a des gilets jaunes pour anihiler les radars...]
Pourquoi ACHETER une Mercedes 450 SEL 6.9 ?
Vous aimez les années soixante-dix
Le plus gros V8 Mercedes d'après-guerre vous fascine
Vous n'aimez pas être doublé (par n'importe quoi du moins !)
Vous avez une petite cagnote pour parer aux problèmes mécaniques
Raisons de NE PAS acheter une Mercedes 450 SEL 6.9
Vous débutez en Mercedes (a fortiori en anciennes)
Vous conduisez négligemment (attention aux ronds-points, la voiture est large !) et votre capital point est au plus bas...
Vous êtes incapable d'effectuer une vidange
Toutes ces mauvaises raisons se soignent évidemment...
À savoir avant d'acheter une Mercedes 450 SEL 6.9
Of course, if you don't drive these cars, hey break. They love to be driven and they must be driven. 'Bien entendu, si vous ne comptez PAS conduire ces voitures, STOP ! Elles aiment rouler et doivent rouler.'
annonce Outre-Atlantique de vendeur d'une Mercedes 6.9
Le prix d'une 6.9 est très variable suivant l'état et l'origine, mais augmente régulièrement dans les ventes aux enchères. On est passé grosso modo de 20000€ en 2010 à 40000€ en 2020. Le sigle 6.9 fait encore rêver... quand le 6.3 est porté par de nombreuses versions modernes.
Les prix montent jusqu'à 50000€ voire bien plus pour les véhicules exceptionnels, voyez nos annonces et archives
Contrairement aux autres W116 ou W107, ce n'est pas la carrosserie le poste de dépenses le plus important, mais la mécanique spécifique à la 6.9 qui monte parfois vertigineusement.
ex: pompe à eau MB (1500e), démarreur Bosch (800e), alternateur Bosch (700e), suspension, etc.
Ouvrez le capot, vous verrez que tous les circuits sont imbriqués au millimètre. Atteindre un organe suppose le plus souvent d'en déposer un autre (ou deux autres)...
Regardez dessous impérativement, vous verrez si l'entretien est régulier (fuites, durites fissurées, etc.)
Vu l'âge de ces véhicules, l'entretien régulier importe plus que les kilomètres ! Pire que tout : l'inactivité qui use tout, en particulier les joints.
En effet, le kilométrage n'est pas si important pour ces gros moteurs qui tournent lentement. Sans prétendre être inusable, on constate un parfait fonctionnement bien après 300000km. Le million de km est envisageable. Le plus important, c'est bien sûr le carnet d'entretien. Une première main soigneuse est un must. Il suffit en revanche du moindre défaut d'entretien (agents moteur non renouvelés, mise au garage prolongée par exemple) et tout est à revoir et remplacer, comme n'importe quelle mécanique. Sauf qu'ici tout coûte cher ! Un véhicule 'sorti de grange' n'est pas rentable, croyez-moi. Si, pour la pièce.
Fouinez sur ce site, tout est dit (ou presque !) sur les dépenses courantes (sphères, échappement, pneus...) page Redémarrage
Prix et nombreuses sources en pièces neuves et d'occasion pages Réparation
+ Suspension + Liens
Il y très peu d'options au catalogue des 6.9, car elles étaient déjà montées de série ! Toutes les 6.9 se ressemblent donc beaucoup entre elles et font le même poids. Liste consultez par exemple Prix janvier 1976 d'une Mercedes 450 SEL 6.9 avec options. Il existe en outre des véhicules préparés (AMG...).
Deux générations de 6.9
Malgré la continuité apparente de ce modèle, on peut affiner et distinguer deux 'générations mécaniques' de 6.9 : fonte ou alliage. Autrement dit : moteur atmosphérique 'au top' versus 'dépollué'. Rassurez-vous, la dépollution a surtout frappé les moteurs US.
Les premières 6.9 étaient, au niveau des accessoires mécaniques du moteur, presque TOUT FONTE. Le moteur M100.985 reprenait tels quels les accessoires du M100.981 de la Mercedes 300 SEL 6.3 (sauf l'Injection Bosch K très différente et sans pompe). Toutefois les culasses étaient d'origine en alliage, ainsi que le corps de thermostat. Le radiateur est lui resté en cuivre.
Puis à partir de 1977 se sont généralisés sur le M100.985 les accessoires moteur en ALLIAGE léger :
La pompe à eau en fonte passe à l'alliage léger (cf Réparation)
La tête d'injection KA BOSCH de fonte passe à l'alliage
La pompe-réservoir de direction assistée VICKERS en fonte passe au métal léger ZF
Plus 'grave' : les débuts de la dépollution ! La version US de la Mercedes 450 SEL 6.9 est sortie en 1977 (avec vanne EGR, pot catalysé et charbons actifs), ce qui a "déteint" sur les versions EURO qui ont commencé à dépolluer (MB est discret là-dessus) :
Le circuit à dépression du moteur est modifié (pas moyen de trouver les plans)
Le corps de papillon au fond de l'injection est changé (tuyau rouge déplacé = avance à l'allumage à l'accélération)
L'allumeur a changé et les valeurs de calage avec
La ligne d'échappement qui était soudée devient emanchée et les embouts d'échappement ne sont plus droits et chromés mais coudés vers le bas pour répondre aux nouvelles normes (fin 78 ou 1979)...
On observe quelques autres points mécaniques mineurs sur la 6.9
L'aimant de démarrage à chaud BOSCH des débuts de l'injection KA est supprimé vers le 400e moteur (dommage car une 6.9 des débuts démarre toujours au quart de tour à froid comme à chaud)
Le régulateur de réchauffage (Warm Up Regulator WUR) qui était monté verticalement devient couché à l'horizontale
Les couvre-culasse en alliage léger et peints en noir (depuis le début sauf prototype) changent de moule, très semblable mais plus anguleux
De nouvelles options sont sorties en avant-première sur la 6.9 :
L'ABS Bosch fut proposé en exclusivité mondiale sur ce modèle en octobre 1978 (en option 47/0) suivi par la BMW série 7 en décembre 1978, etc.
Le climatiseur automatique est apparu aussi en 1978 (proposé en option 58/1)
En revanche, la finition des 6.9 a très peu changé en cinq ans (pourquoi changer ce qui est déjà abouti ?). Les seules innovations visibles apportée en 1978 aux W116 furent :
le placage en bois précieux (ronce de noyer) initialement en zebrano, critiqué par rapport aux Rolls et Jaguar
le revêtement en velours des tapis de sol et boîte de vitesse
Et aussi de nouvelles teintes de carrosserie en 1979, les autoradios Becker qui changent de look vers 1977-79 (date ?), etc.
Finalement, pas de perfectionnement à proprement parler en cinq ans, à part ce commencement d'allègement qui allait être systématisé. Puis les W126 ont repris toutes les fonctions déjà éprouvées des W116 'telles quelles' en allégeant sans innovation majeure -lire plus haut.
Prix d'origine de votre Mercedes
Calculez en ligne le prix d'origine en DM de votre Mercedes (site allemand) --> Neupreisrechner http://www.w123-hannover.de
Aussi à télécharger, le compte-tour de W123 à installer sur votre écran d'ordinateur (indique l'usage des ressources CPU + heure) --> Drehzahlmesser
Vous trouverez aussi des photos de l'étonnante W123 rouillée volontairement par son propriétaire (coeurs sensibles s'abstenir) --> “Echt Rost?” “Ja, Rost!”
Le simulateur permet de spécifier l'année et le modèle. Vous pouvez ajouter les options payantes, celles de série sont indiquées par défaut suivant le modèle et l'année.
Dommage qu'il n'y ait pas sur ce site sympathique le prix d'époque en FF franc français (cf ci-dessous). Je me suis donc permis de créer un outil à déflater les francs en euros et vice-versa de 1911 à aujourd'hui.
Convertisseur francs euros
Le prix d'origine des "6 LITRES 9"
Les premières Mercedes 450 SEL 6.9 furent facturées 185 000 FF TTC en 1975 (sans option payante) mais livrées seulement au compte-goutte à partir d'octobre 1975. D'ailleurs, son prix est "non fixé" dans l'Auto-journal spécial Salon de l'Auto n° 14/15 septembre 1975.
D'après le document Information produit du 4 juillet 1975 introduisant la "6 LITRES 9" aux concessionnaires : « Le passage pour homologation au Service des Mines est prévu courant SEPTEMBRE. Les premières livraisons pourront être effectuées à partir d'OCTOBRE dans la limite des contingents forcément restreints de début de production. Les commandes de voitures destinées à des personnalités importantes sont donc à transmettre d'urgence en précisant le nom de l'acquéreur et les éléments justifiant une demande de priorité. Nous vous prions de noter que pour cette voiture l'acompte concessionnaire à M.B.F. est porté à 10000Fr (DIX MILLE FRANCS) ».
Pour donner une idée de la liste d'attente, la production 1975 s'éleva à 474 unités mais le châssis n°380 ne fut mis en circulation qu'en février 1976. Ensuite, la production annuelle de 6.9 culmina à 1839 unités en 1979 (environ 150u/mois), soit après le lancement aux USA en 1977.
Comparaison France/Allemagne : le prix hors taxes (TVA 33,33%) n'était 'que' de 138 750FF HT ou 66 591DM en Allemagne de l'Ouest.
Á comparer en 1975 avec la Porsche 911 2,7l coupé à 74 900FF, la Porsche Turbo à 163 000FF, la Ferrari 365 GT/2+2 à 172 000FF, la Rolls-Royce Silver-Shadow à 241 866 FF ou encore la Rolls Royce Camargue à 453 600 FF (!). Source : l'Automobile n°352 octobre 1975 Spécial Salon 1975
En 1976 le prix des 6.9 avait grimpé à 197 400 FF soit +6,7% ! (source : L'Automobile n°364 Spécial Salon 1976 octobre 1976) (soit 121 448 euros 2011, donc baisse relativement à l'inflation, les acheteurs de 1976 faisaient une affaire !)
1977 : 226 000 FF (source : l'Auto-journal n° 14/15 septembre 1977) (soit 127 133 euros 2012)
1978 : 256 880 FF (source : l'Auto-journal n° 14/15 septembre 1978) (soit 132 493 euros 2012)
1979 : 281 980 FF (source : l'Auto-journal n° 14/15 septembre 1979) (soit 131 340 euros 2012)
1980 : terminé, les W126 remplacent les W116 et la 500 SE est proposée à 192 000 FF (source : l'Automobile n° 412 octobre 1980) (soit 78 755 euros 2012 soit 60% du prix d'une 6.9)
Ce qui correspond à +52% d'augmentation nominale du prix de la voiture en 4 ans, une époque bénie... de la planche à billet. En prix réels déflatés 2012 on note des fluctuations mais surtout un pic en 1978 (année du climatiseur automatique, ronce de noyer, ABS optionnel)
Au Royaume-Uni en octobre 1976, la 6.9 coûtait £21994,93 -et non £24000 comme j'ai pu lire dans Mercedes-Benz Saloons The Classic Models of the 1960s and 1970s Crowood 2003 par Laurence MEREDITH
Ce même MEREDITH donne aussi le prix d'une JAGUAR XJ12 : £11880, et dénonce le prix de la 6.9 qui, avec un V8, coûtait presque le double d'un V12, shocking avant de relativiser :
"There is no doubt, though, that the 6.9 was in a class of its own. Unlike contemporaries from Britain and America, the Mercedes was more likely to impress a driver than, perhaps, its passengers. Natural rivals included the Silver Shadow, Bristol 412, Vanden Plas Daimler and Cadillac Seville. The Motor also mentioned the Panther de Ville, a 'retro' creation designed to resemble a Type 41 Bugatti Royale, and powered by a V12 Jaguar engine. At £41417, the Panther was almost double the price of the 6.9 Mercedes, twice as vulgar, and almost incapable of justifying its existence."
Tout comme en France, la 6.9 représente outre-Manche une sorte d'exotisme difficile à justifier.
Permettez-moi de souligner le manque de précision des journalistes.
Voire leur manque de sérieux : la photo du moteur de 6.9 p. 127 avec pour vague commentaire celui des moteurs de W116 (copié-collé du site Daimler qui d'ailleurs lui aussi fait la même erreur, reproduit sans connaître ni vérifier...). [Depuis mars 2015, cette image Daimler a été supprimée de la base !]
la suite sur ce moteur (et cette photo qui appelle d'autres commentaires) page Injection
Autres coquilles dans ce livre : photos entre pp. 96 et 97 une 280E jaune et rouge "éclatée" (pour voir les organes) est légendée : "The W116 S-Class, a performance luxury saloon launched in 1972, etc." alors que c'est évidemment une W123 !
Puis la même voiture p. 114, photo noir et blanc au beau milieu du chapitre "S Club 1972-80". Et je passe sous silence les hors-sujets comme une W126... en 4e page de couverture.
Dear Laurence, I beg you pardon, il faudrait songer à se relire pour un(e) "leading authority on MB Porsche BMW etc.". Et surtout, on aimerait plus de précision pour un... précis (même si on apprécie l'existence de tels ouvrages).
Cote montante ?
BONUS Automobile de collection : consommation ou investissement ?
Ici je place un apparté économique, qui pourrait vous faire hésiter à engoufrer des sommes folles dans votre petit plaisir de véhicule de collection des 60s 70s et 80s. Non pas pour vous couper les ailes ou casser l'industrie naissante du "vintage" que je respecte, mais pour faire réfléchir à deux fois...
Les automobiles de collection sont souvent présentées dans la presse dite "spécialisée" comme un "placement" au même titre que les oeuvres d'art. Placement peut-être, mais pas si tranquille que ça ! En revanche, sa consommation reste toujours gagnante et justifie la passion qui anime les amateurs. Il vaut donc mieux envisager une voiture de collection comme un bien de consommation plutôt qu'un investissement dans la majorité des cas.
Quelle différence ? Un investissement doit rapporter en monnaie sonnante et trébuchante, tandis qu'un bien de consommation rapporte en plaisir, délicat à quantifier. Distinguer ces deux approches peut vous permettre d'y voir plus clair, car il y a souvent confusion chez les collectionneurs.
Les véhicules sont des biens durables, leur valeur se déprécie avec le temps et augmente avec vos investissements (réparations). Mais d'autres plus ou moins-value inattendues peuvent perturber le schéma (risque d'accident, cote...).
Une certitude sur l'offre de véhicules : leur stock s'effrite tous les ans un peu plus (panne, accident, abandon). De ce fait, la valeur de tel ou tel modèle en collection augmente progressivement, jusqu'à idéalement l'exemplaire unique qui aura survécu à toutes les vissicitudes.
Mais si la cote s'élève, les chances que le stock diminue s'amenuisent aussi : tout le monde sait que "ça vaut" et en réaction garde au chaud son exemplaire. Certains se lancent même dans des refabrications (exemple : Méhari). Il y a un risque de saturation du marché.
Il faudrait donc plutôt de se tourner vers les véhicules oubliés, qu'on suspecte de redevenir désirables. Ce sont les "sorties de grange". Souvent la publicité ciblée, orchestrée par les salles de vente, aide ce mouvement de redécouverte et lance des modes.
La demande est quant à elle gouvernée par l'engouement pour le "vintage" qui peut sembler un peu "fou" mais en réalité parfaitement prévisible. Il suffit de se projeter dans le temps : les nouveaux retraités rafolent des les véhicules de leur jeunesse. La demande "vintage" est tirée par ceux qui les ont connus enfant (vers l'âge de 10 ans) en usage quotidien et mettent ces objets sur un piedestal vers la retraite -nouveau projet à 60 ans. Ce qui fait que 50 ans après, tout objet est susceptible de resurgir en "collection". Sans être une règle absolue, c'est une hypothèse solide. Les véhicules des années soixante-dix ont pris une claque avec l'arrivée à la retraite des born in 60s (1960 + 50 = 2010). Au tour des 70s en 2020. En 2030, ce seront les 80s, etc.
Mais là, je voudrais vous refroidir un peu : 1980 est le début de la très grande série automobile, même en haut-de-gamme. Une Mercedes classe S W126 est presque banale en comparaison d'une W116 des 70s, elle-même plus courante que les W109 des 60s...
Si maintenant on confronte un stock d'offre qui s'amenuise avec une demande qui ne demande qu'à exploser à l'âge de la retraite, on comprend l'envolée de certains prix en collection. En outre et ponctuellement, les scandales boursiers ont pu reporter des investissements vers les "valeurs refuge" comme l'or, la pierre et les objets de collection.
Bref, le rendement financier d'une voiture de collection repose sur l'oubli et la diminution inéluctable de leur stock, ainsi que sur leur résurrection coup-de-coeur 50 ans après.
Notez toutefois que ce "rendement" (prix de revente/prix d'achat) n'est obtenu qu'à la revente. Or une vente n'est pas toujours chose aisée. Enfin il faut actualiser les prix.
CONCLUSION 1 : le retour sur investissement est positif actuellement. Le "vintage" est poussé par de bonnes brises car ressortent, 50 ans après, des modèles qui ont plutôt bien vieilli.
Hélas, ça ne durera pas. Faîtes aujourd'hui des plans sur les véhicules des 80s. Mais après ? Les voitures récentes ne vieilliront pas aussi bien que celles du passé. Elles ne vieilliront peut-être même pas, car elles sont pas faîtes pour durer.
Les véhicules des années passées étaient autrement plus robustes et durables qu'aujourd'hui. Ceci justifie amplement l'intérêt qu'on leur porte. De nombreuses pièces d'origine peuvent être réparées ou recyclées et fonctionnent encore admirablement après des décennies. Alors que de nos jours, l'obsolescence (programmée en usine) engendre la décadence après 5 années de route, ou guère plus. C'est donc bien l'intérêt de ces modèles passés, sans parler de leur simplicité mécanique ou électrique. Il faut évidemment nuancer car de tous temps il y a eu des bons et des mauvais numéros. Les mauvais resteront mauvais en collection !
Par ailleurs, une automobile ancienne décote beaucoup moins vite qu'une moderne. Chacun sait qu'un véhicule neuf perd l'essentiel de sa valeur les premières années (-20%/an environ au début). Avec les années, la décote diminue rapidement. Après 10 ans, un véhicule est "amorti" et sa valeur vénale est quasi nulle. Mais après 50 ans : BINGO ! La cote remonte en flèche car le voilà passé en collection.
Car comme évoqué plus haut, l'engouement pour le "vintage" repose sur des véhicules qui peuvent durer plus de 50 ans. Le "vintage" pourrait donc se terminer dès 2040...
Passons à ce qui peut faire mal : le budget entretien d'un bien durable.
Pour un véhicule quel qu'il soit, les frais de maintenance sont élevés, que l'on roule ou non. Même arrêté dans un garage chauffé, votre taxi réclame ses vidanges, ses changements de joints, car les caoutchoucs s'usent surtout à ne pas servir... Si les consommables ne coûtent pas forcément bien cher, la main d'oeuvre si.
De plus, dès que vous utilisez le véhicule ce qui, rappelons-le, est indispensable pour sa maintenance, vous le CONSOMMEZ et sa valeur vénale diminue (kilométrage ou miléage).
Si vous cherchez la plus-value ou le retour sur investissement, ce sera la récompense d'efforts de restauration souvent supérieurs à ladite plus-value.
Car on SOUS-ESTIME TOUJOURS LES FRAIS de réparation et d'entretien. Un amateur me vante sa pagode 230SL dont la cote a fortement augmenté, mais pour ajouter ensuite qu'il a dû changer de boîte de vitesse, etc. Le rendement est ici nul voire négatif.
Dans ce contexte, la plus-value la plus sûre revient... aux épaves. Les "sorties-de-grange" font toujours un meilleur rapport si on les sort au bon moment (seuls les frais de parking sont à déduire).
Derniers exemples en date lus dans la cote LVA (2015) : la 2 CV neuve du musée Harrah (Las Vegas) vendue pour 59568 euros.
Un Peugeot 404 pick-up UXD niçois conservé à l'état de neuf vendu 23827 euros.
Les plus fortes plus-value ne concernent que quelques véhicules "phares" qui tirent la cote vers le haut, bien souvent entièrement restaurés ou comme neufs (état 1 ou 2 en Allemagne sur une échelle de 1-neuf à 5-épave). Ces véhicules n'ont pas été "consommés".
Mais ne rêvez pas trop fort. L'usure fait son chemin insidieux jusque dans les moindres vis, quels que soient les soins apportés à la qualité d'origine.
Autrement dit : même si on bichonne son véhicule fétiche, va-t-on récupérer ses billes (investissement) un jour ? Pas sûr.
CONCLUSION 2 : la dépréciation ou usure d'un véhicule de collection est sous-estimée, quelles qu'en soient les raisons -simple usure du temps, des kilomètres ou casse. Cette perte est compensée par la maintenance ou entretien (coûteux mais pas forcément perçu comme tel).
Bien au contraire, une toile de maître bien à l'abri ne s'use pas. Physiquement, elle ne risque pas grand'chose à part le vol. Notez que tout comme les oeuvres d'art, si leur cote est élevée, il y a des véhicules de collection volés, copiés, détournés (un risque de plus à assumer)... Exemple : les modèles US envahissent l'Europe en 2020. Comme le Canada Dry, ça ressemble fortement aux Mercedes, mais sans alcool (moteurs bridés).
Ceci nous amène au risque sur investissement. Il est lui aussi très sous-estimé.
Dès que vous prenez le volant, vous prenez des risques matériels ! Aussi bien une éraflure qu'un trottoir qui détruit un pneu, il y a mille et une occasion de perdre de la valeur en roulant. Les risques corporels existent aussi mais restent faibles si vous ne roulez pas tous les jours. Pourtant, il est indispensable de ROULER régulièrement pour assurer un entretien correct du véhicule. C'est la quadrature du cercle. Soit dit en passant, ASSUREZ-le bien car comme chacun sait rien n'est plus aléatoire qu'une route.
Par ailleurs, les amateurs de voiture sont, comme pour les oeuvres d'art, bien lunatiques. Il y a des modes qui, par exemple, encensent actuellement les Citroën plutôt que les Renault, les Mustang plus que les Camaro, etc. C'est d'ailleurs l'intérêt des cotes que de constater ces sautes d'humeur.
Le cycle de 50ans évoqué plus haut peut donc subir des inflexions.
Observez que certains modèles sont relégués aux oubliettes et leur cote ne décolle pas. Oubliez !
D'autres voitures ont été tirées en si grande série qu'il est conseillé de se méfier. Leur stock ne diminuera pas de sitôt et un risque de saturation du marché existe. Exemple : la 2CV
Fans un contexte favorable haussier, le risque sur investissement est mal appréhendé des collectionneurs.
CONCLUSION 3 : le risque sur la valeur d'un véhicule de collection existe, bien qu'aujourd'hui personne n'en prenne conscience dans un mouvement général à la hausse.
Ce risque éventuel sera-t-il compensé par son éventuel rendement ? Tentons de cerner le rendement d'un objet de collection.
Bien que peu répandue, la location des véhicules de collection donne un rendement immédiat avec ou sans chauffeur. Vous pouvez aussi vous en servir au quotidien et remplacer un véhicule récent. C'est encore du rendement car ça évite de louer un véhicule de remplacement.
Mais en général, le véhicule vintage reste sagement au garage.
Donc, si vous me suivez, le marché des véhicules de collection à titre d'investissement est certes porté par un marché haussier mais qui comporte des risques et reste peu rentable dans l'immense majorité des cas (alors que les frais et tracas sont bien là). Le jeu n'en vaut pas la chandelle comme placement financier.
En revanche, comme bien de consommation, OUI bien sûr, ça vaut le coup de se faire plaisir avec une "guimbarde" ! Le vrai "rendement" de la collection, c'est de pouvoir consommer personnellement, ne serait-ce qu'en l'admirant simplement, l'objet de ses rêves.
Concernant des voitures, un des objets les plus utiles jamais inventé, vous aurez la faculté de vous laisser transporter aussi bien qu'en véhicule moderne. La valeur d'usage d'une ancienne demeure donc intacte si vous l'entretenez. Il en va de même pour les véhicules utilitaires (fourgon ou benne par exemple).
Si vous avez un peu de fibre pour les choses anciennes, un véhicule vous apportera une satisfaction inégalée, qui compense largement les efforts d'entretien, de recherche de pièces ou d'information. C'est donc bien en tant qu'objet de consommation et non d'investissement qu'il faut voir un véhicule de collection.
Autre suggestion : achetez un bon véhicule encore tangent en collection (pas encore 'classique'), ROULEZ sans jamais faire de gros frais, puis si sa cote augmente, revendez-le au prix d'achat... (beaucoup de si)
Ou encore adoptez une populaire démodée en croisant les doigts, car ce sont elles qui font les plus grosses plus-values, pas les véhicules de luxe ! Par exemple une R4 achetée en 2005 a vu son prix largement doubler en 2015. Aujourd'hui, il faudrait miser sur une Golf ou 205 et bientôt une japonaise, etc. 2020 : misez sur un véhicule Diesel sans AdBlue !
CONCLUSION 4 : la vraie bonne voiture de collection, c'est celle qui fait plaisir à l'acheteur, qui demande certes de la patience à entretenir mais qui se laisse consommer avec délectation sur la route, lorsque les enfants se retournent vers elles avec une tête étonnée... voire même à bichonner au garage et qui, dix ans plus tard, sera encore là pour vous servir !
Personnellement, je pense qu'une ancienne n'a pas une vocation d'investissement mais simplement de consommation. Seuls les passionnés y trouveront leur compte. La vie est courte...
Point de vue de propriétaire : Mercedes Maximus
Sous ce titre Mercedes Maximus le magazine allemand Oltimer Praxis présentait en mars 2007 la Mercedes 450 SEL 6.9
Sous-titre : "La grande complication : Mercedes 450 SEL 6.9".
Article intéressant car il fait le tour de nombreux points propres à la Mercedes 6.9. Le propriétaire interrogé en a visiblement bavé à restaurer presque complètement sa voiture. Moteur, injection, suspension, chromes, garnitures, etc.
Ce patron faisait, comme qui dirait, mine d'être heureux de sa 6.9, mais on sentait qu'une arête lui était restée au travers de la gorge... Changement de moteur, de suspension, de sellerie ; autant dire que tout y était passé. Dans ce cas ne comptez ni temps ni argent. En outre, une restauration bâclée peut carrément baisser la valeur en collection. Si vous ne savez pas, abstenez-vous ! Car le risque d'erreur est grand d'intervenir sur les véhicules complexes.
Comme il le dit lui-même : "Remettre sur la route une 6.9 n'a rien a voir avec une autre classique -il possédait un cabriolet SL type 107 auparavant. Sur presque toutes les anciennes, c'est la carrosserie le point noir. Mais comparé à la complexité de la mécanique et de l'hydraulique, la corrosion reste un point mineur sur une 6.9 (...)
"-La 6.9 est vraiment impressionnante, parce qu'elle ne fait rien pour impressionner. Aujourd'hui difficile à admettre, et malheureusement beaucoup de voitures gardent les traces de ce manque de compréhension, principalement sous la forme de séquelles d'accident, parce que de nombreux propriétaires voulaient sentir la violence que peut libérer la voiture." (traduit de l'allemand)
Simplement brutale !
ou sauvage, voire gothique... mais elle peut aussi être courtoise et féline.
Ceci étant dit, certains tentent l'aventure. Voyez des exemples de Restauration abouties.
"Faîtes une fois un essai. Pendant toute une journée. Et ce jour-là vous connaîtrez une nouvelle voiture."
document publicitaire MB 450 SEL 6.9 1975
One way ticket
Vous possédez une ancienne, très bien.
Une Mercedes, parfait !
Maintenant, je vous le dis de vous à moi : si jamais vous essayez un jour une 6.9 c'est un voyage sans retour.
Une fois goûté aux charmes (et épines) de la 6.9, aucune autre voiture sur terre n'aura plus d'importance pour vous : des caisses qui se trainent, qui ronflent et s'essoufflent en côte. Les chevaux n'y feront rien, ni l'âge du capitaine, ni la capote, ni le turbo, ni les gadgets, etc.
Présomptueux peut-être, mais on ne revient pas indemne d'une 6.9...
Une 6.9 peut même rendre FOU. J'attends vos histoires.
Mercedes 450 SEL 6.9 devant le Mont Ventoux en Provence (84 Vaucluse)
Après les dépassements en côtes et autres obstacles, passons à la cote.
Cot-cot-codec !
Cote, cotte, côtes et à-côtés
Selon LVA, la Mercedes 450 SEL 6.9 cote en 2012 : 13 000euros (état +)
Que signifie ce prix, un peu hors du temps ? [qui n'est même pas le coût d'une remise en route]
"La cote de l'automobile de collection est basée sur les résultats de ventes aux enchères, les seuls chiffres publics réels".
"Toutes les cotes indiquées s'entendent pour des autos en bon état de marche et de présentation"
Mon point de vue : cote utile en général comme cliché du marché, mais très fragile pour les véhicules rares ! Les véhicules vendus aux enchères sont de qualité extrêmement variable, les "experts" sont bien souvent eux-mêmes très partials et tout à fait capable de déguiser les ventes, exempli gratia ci-dessous.
À 13000 euros, vous toucherez en Allemagne une 6.9 Euro état 4 (à restaurer) voire 5 (épave) et vous pourrez rajouter au minimum minimorum 15 à 20000 euros de restauration. J'irai même jusqu'à dire qu'en dessous de 10000 € de frais vous ne pouvez prétendre qu'à une simple remise en route (pneus 1500e, freins 500e, vidanges-courroies 300, pompe à eau 2000, échappement 2000, climatiseur 200, etc.).
cf. par exemple autoscout24.de où les premières 6.9 sont à 15000euros (à restaurer et hors version US)
La définition de "l'état +" est on ne peut plus vague et cache plein de bonnes choses pour les garagistes et autres vendeurs de pièces.
Je mets d'ailleurs au défi quiconque de rouler 1000km sans aucun souci mécanique ni fuite avec une 6.9 à 13000 euros. N'oubliez pas que ce sont de véhicules de plus de 30 ans d'âge.
Autre cote très différente pour une MERCEDES 450 SEL 6.9 de 1976. Sur ce site http://www.classic-car-tax.de/ du magazine allemand MotorKlassic vous POUVIEZ calculer en ligne la cote de votre véhicule de collection gratuitement avant de l'assurer ! Ce lien est brisé (2015), le service est dorénavant payant 350€ !
Cote 2012 pour une MERCEDES 450 SEL 6.9 de 1976 : 28500-38500 € pour un véhicule bien entretenu (état 2 sur une échelle de 1 neuf à 5 épave), et 7800-10600 € pour un véhicule à restaurer (état 4).
Remarque importante : les 20000€ de différence France-Allemagne ne suffiront pas à restaurer l'état moyen (d'autant plus si vous faîtes appel à des professionnels). Je vous conseille instamment de préférer le véhicule bien entretenu et coté !!! A moins de l'envoyer pour restauration en Europe de l'Est, par exemple.
Autre point qui a son importance pour la cote, plus le véhicule est rare à l'origine et moins la cote a d'importance, car il n'y a pas de vrai marché et la cote devient non-représentative. Ça concerne les 6.9 (7380 exemplaires), mais aussi un autre cas à titre d'exemple qui trahit cette même "cote" LVA (qui met évidemment plus en valeur les tacots français...) :
Mercedes 280 SE cabriolet 3.5L : "Nous cotons habituellement 115000euros ces cabriolets Mercedes V8. Celui-ci, vendu à Paris en février dernier, bénéficiait d'une restauration récente et très soignée et de nombreuses options qui ont poussé plusieurs amateurs à aller bien au-delà. Rien que ses cinq jantes alliage neuves en 15' (commande spéciale) ont coûté 5000euros."
cote € 80.800 - € 109.200 selon Classic-car-tax.de
Ce qui fait que la photo du même véhicule est badgée une fois 115000euros en page 118, une autre fois 154877 euros page 138, et crédité d'une augmentation de prix de "+278%" (p. 118) !!! Le merdier...
Donc : il y aurait une cote "Etat +" et une autre cote pour des modèles vraiment restaurés ? C'est un aveu d'impuissance face aux puissances maléfiques de l'argent et des produits allemands. Une cote mal ajustée tout simplement... C'est vrai aussi, au crédit des journalistes, que les cotes sont faites pour évoluer.
Vous savez quoi ? Avec de telles cotes, suivez plutôt vos goûts personnels et votre instinct ! D'ailleurs, mieux vaut enfiler une vraie cotte pour restaurer votre véhicule et valoriser votre plaisir.
mise à jour 2019 : depuis 2012 la cote des 6.9 grimpe, voyez nos Annonces archivées
Conclusion 6.9
Pour résumer, une SIX LITRES NEUF n'est pas le meilleur choix pour débuter chez MB, mais mérite clairement votre attention si vous avez déjà entretenu ou restauré une Mercedes-Benz. Car les systèmes se répètent à quelques nuances près.
Mon voeu le plus cher : en croiser sur les routes, ce qui est bien bien rare. Pour tout dire, je n'en ai jamais rencontré en 12 ans et 100000km. Il en est de même pour toutes les grandes routières (600 560 500 450 300 280 6.9 6.3, etc.), le plus souvent remisées dans des garages-écrins plus coûteux que le carburant ! En outre ces véhicules perdent à coup sûr de la valeur mécanique à rouler sporadiquement. À mon humble avis, mieux vaut une seule bonne voiture de collection qui ROULE ▒▒░ ░ plutôt qu'un lot de semi-épaves à problèmes...
Ne tentez surtout pas de restaurer de A à Z une épave de 6.9, même à vil prix (2011). Vous le regrèteriez amèrement, comme d'autres avant vous.
Achetez plutôt une vraie voiture bien entretenue à l'historique limpide ! Vous ne le regretterez pas. Mieux vaut payer plus cher et être sûr de son coup concernant ce gros modèle, c'est mon conseil en tout cas.
Par exemple, les véhicules de célébrités n'ont connu que les garages Mercedes-Benz. C'est un gage de suivi mécanique indéniable.
Les véhicules de "maniaques" sont évidemment aussi à privilégier.
Mais bon, tout ça on le sait confusément et on craque trop vite pour... des problèmes. Les vendeurs le savent.
Prenez votre temps, même rares les 6.9 se trouvent encore. Voyez-en plusieurs et surtout essayez-les !
Les prix d'annonce surestiment le prix effectivement payé, tandis que les ventes aux enchères bien 'orchestrées' surcotent le bébé...
Pour vous faire une idée des prix, voyez nos petites annonces + archives (France et Allemagne)